
La première fois qu’on nous en a parlé, pour moi, il en était hors de question…
4 ans, ça a été le temps nécessaire pour que l’idée fasse son chemin, pour accepter que pour moi, avoir un enfant impliquait de renoncer à transmettre un bout de moi. Je n’avais jamais imaginé que transmettre mes gènes m’importerait autant. Et je pense que si l’on m’avait posé la question, j’aurais été de ceux qui répondent « mais non, être mère ce n’est pas donner ses gènes, c’est éduquer, consoler, soutenir, aimer… ».
Et pourtant, lorsqu’on y est confronté, c’est une douleur si forte…C’est un réel deuil à faire. Celui de chercher dans son enfant ses propres traits, la ressemblance sur les photos, ces petites choses que chaque parent fait de manière naturelle et anodine lorsqu’il a un bébé ! C’est aussi accepter que très souvent, on nous demandera à qui ressemble notre enfant et que parfois, on me dise que mon bébé me ressemble. Ça, je l’appréhendais terriblement. Je craignais que ça remue le couteau dans la plaie, que ça me renvoie à cette douleur si difficile à surpasser. Au final, aujourd’hui, ça m’amuse !
4 ans donc, à faire des FIV, à tout tenter, les différents protocoles, les différents produits, les différentes combinaisons, à voir de nombreux, trop nombreux (bien que géniaux !) professionnels et à venir à d’innombrables rendez-vous, sans compter le nombre de fois où il a fallu me piquer dans le ventre ou les cuisses, choses que j’ai préféré faire moi-même à partir de la 3è stimulation, peut-être pour avoir le sentiment de reprendre un peu les rênes, la maîtrise de mon corps…
J’avais besoin de constater par moi-même que ce corps, malgré mon jeune âge (au début du moins !), me refusait ce que je souhaitais le plus : être maman. Il fallait que j’aille au bout, que je fasse le maximum pour que la FIV intraconjugale fonctionne, que je ne puisse jamais regretter d’avoir accepté de passer au DO trop rapidement.
Et puis aussi, et surtout, il fallait que je l’accepte pour être au clair avec ça lors de l’arrivée de notre bébé. Car le don d’ovocytes pose aussi d’autres questions pour la suite : vais-je le dire à mon enfant, quand, comment. Et l’entourage ? Après tout c’est notre histoire à tous les trois, le papa, la maman et l’enfant. Et en même temps, l’enfant ne risque-t-il pas de se trouver confronté à des explications sur la conception qui le heurteront par rapport à son histoire ?
Il en a fallu du temps, des heures de psy, des lectures, et du soutien du futur papa !
Aujourd’hui, je suis une maman comblée. J’ai emmagasiné tellement d’amour que je ne pouvais pas donner, aujourd’hui j’en déborde !
J’aime mon bébé plus que tout, je l’ai porté, mis au monde, je le nourris, le choie, l’aide à grandir tous les jours, et j’ai la conviction que rien ne serait différent ni plus fort si il avait été conçu avec « mon matériel » comme disent les pros.
Un immense merci à toute l’équipe du Val d’Ouest, et en particulier au Dr Sergeant, au Dr Rochigneux et au Dr Schubert pour leur soutien, leur bienveillance, leur accompagnement dans ce choix difficile sans jamais nous brusquer. Merci du fond du cœur de nous avoir accompagnés durant ces longues et difficiles années et merci à notre fée pour ce p’tit coup de baguette magique !
A. 27/09/21