Environnement et fertilité

Chiffre 1 Qu’en est-il de l’impact des conditions de l’environnement sur la fertilité ?

Chez l’homme, la fabrication des spermatozoïdes peut être altérée par certains facteurs environnementaux comme l’exposition chronique à un excès de chaleur (position assise pendant de longues périodes, pratique du sauna, prise de bains très chauds, ordinateur portable sur les genoux) ou des microtraumatismes répétés (pratique régulière du vélo). L’exposition professionnelle à certains toxiques ou agents polluants peut également retentir sur la fertilité masculine.

Ces différents facteurs en rapport avec votre mode de vie et votre environnement n’expliquent pas à eux seuls, le plus souvent, l’infertilité du couple. Mais, s’ils sont corrigés, ils peuvent augmenter vos chances de débuter une grossesse spontanément ou suite à des traitements d’Assistance médicale à la procréation.

Chez la femme, différentes hypothèses scientifiques seraient en faveur d’une augmentation de l’infertilité féminine, d’une recrudescence du SOPK ou de l’endométriose, en lien avec les changements environnementaux, la pollution et les perturbateurs endocriniens. 

Chiffre 2 Que savons nous sur les perturbateurs endocriniens ?

Les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques d’origine naturelle ou artificielle, étrangères à notre organisme, qui ont une influence sur notre système endocrinien, c’est-à-dire la libération et le mode d’action des hormones.

Les perturbateurs endocriniens font l’actualité car ils sont suspectés d’être à l’origine, à court ou à long terme, de nombreuses pathologies.

Le système hormonal coordonne les interactions entre les différents organes de notre corps en libérant des hormones qui sont les messagers de l’organisme.
Les perturbateurs endocriniens peuvent altérer la libération des messages des hormones naturelles en mimant leurs actions, en les bloquant ou en les modifiant. Cela induit un déséquilibre dans notre organisme et peut entraîner des dysfonctionnements de certains organes, ainsi que des maladies.

On les trouve dans des objets et des produits de consommation courante. Ils sont surtout présents dans les pesticides, les plastiques, les additifs alimentaires ou encore les cosmétiques. Parmi les plus connus figurent le bisphénol A et les phtalates utilisés dans les plastiques, les dioxines employés dans des pesticides, ou encore les parabènes présents dans des cosmétiques.

Les effets des perturbateurs endocriniens ne sont pas clairement reconnus et définis par les autorités sanitaires, mais de nombreuses études scientifiques ont montré des liens importants entre ces substances et certaines pathologies.
On peut observer selon la durée d’exposition à ces produits différentes pathologies comme :

  • Une diminution de la fertilité,
  • une puberté précoce,
  • certains cancers dits hormono-dépendants (par exemple le cancer de la prostate, des testicules, certains cancers du sein, cancer de l’ovaire),
  • des troubles du métabolisme glucidique avec un risque de diabète, un risque d’obésité abdominale,
  • des problèmes psychomoteurs et d’autisme chez les enfants exposés in utero, pendant le déroulement de la grossesse,
  • des tumeurs cérébrales (gliomes) et un risque de maladie d’Alzheimer.
Ecological Developmental Biology
Ecological Developmental Biology, S. Gilbert and D. Epel, Sinauer associates (eds) 2009

Ces risques sont plus élevés pour les personnes exposées de façon régulière et prolongée comme les agriculteurs (pesticides, herbicides..) : il est donc important de distinguer l’exposition chronique et régulière de l’exposition occasionnelle.
De nombreux spécialistes estiment que la diminution constante du nombre et de la mobilité des spermatozoïdes constatée en cinquante ans est liée à l’exposition à ces polluants. Ils seraient également à l’origine d’un nombre croissant de cancers des testicules et de malformations de l’appareil uro-génital chez l’homme (non-descente d’un testicule à la naissance, malformation de l’urètre, atrophie du pénis, augmentation du nombre de spermatozoïdes atypiques dans le sperme). 

Parmi les substances responsables, on trouve des molécules naturelles comme les phyto-œstrogènes présentes dans les plantes et des composés synthétiques tels que les phtalates ou certains pesticides.
Autre exemple, le bisphénol A, présent dans certains plastiques, mime l’action d’une catégorie d’hormones féminines, les œstrogènes, et est susceptible d’agir sur la fertilité et le développement des enfants exposés pendant la grossesse. 

En 2012, une étude publiée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a conclu que l’exposition de la femme enceinte au bisphénol A pouvait aussi augmenter le risque pour l’enfant à naître de survenue d’un cancer du sein, d’obésité et de maladies cardio-vasculaires.
Il a également été observé que le tissu graisseux stocke plus facilement les polluants, raison pour laquelle les personnes en surpoids ou obèses auront plus de risques à long terme vis-à-vis de ces substances. Certaines ont une durée de vie très longue : ce sont les POP (polluants organiques persistants) comme la dioxine, qui vont donc être présents longtemps dans l’organisme humain.
Enfin, la durée d’exposition est importante mais pour le bisphénol A par exemple, ce sont les périodes de vie qui sont à considérer. Pendant la grossesse et l’allaitement, il est recommandé d’éviter le plus possible cette exposition.

Il n’est malheureusement pas possible d’éradiquer complètement les perturbateurs endocriniens de votre environnement et de votre consommation, mais vous pouvez adopter des réflexes simples vous permettant de limiter votre exposition.

  • Pour limiter l’impact des pesticides sur votre santé, il est conseillé de retirer la peau des fruits et légumes, de les laver et autant que possible de préférer les produits issus de l’agriculture biologique.
  • Concernant les cosmétiques, choisissez de préférence des produits sans parabène. Tous les produits cosmétiques ne sont pas en cause mais certains contiennent des substances dont les scientifiques n’ont pas encore caractérisé les effets. Par précaution, vous pouvez limiter le nombre de cosmétiques que vous utilisez en ne gardant que les produits essentiels. Vous pouvez aussi vous tourner vers des gammes fabriquées à partir d’ingrédients naturels. Il est conseillé d’adopter le même comportement avec les produits ménagers.
  • Bien que le bisphénol A, contenu dans de nombreux plastiques, soit interdit en France depuis 2015, certains en renferment toujours. Les experts conseillent donc de ne pas faire chauffer d’aliments dans des boîtes en plastique mais plutôt dans du verre, afin de limiter le risque de contamination de la nourriture. Il est également préférable de limiter la consommation d’aliments contenus dans les conserves dont l’intérieur est tapissé par un film blanc qui peut contenir du bisphénol A.

Les femmes enceintes ou en désir de grossesse, doivent être particulièrement vigilantes pour réduire leur exposition aux perturbateurs endocriniens car ce qu’elles consomment est transmis au fœtus via le cordon ombilical. Le développement durant la grossesse est une période sensible au cours de laquelle les perturbateurs endocriniens peuvent avoir des effets à long terme. Ces effets peuvent ensuite être transmis aux générations suivantes, ce que l’on appelle l’effet transgénérationnel.

La recherche autour des perturbateurs endocriniens est un domaine en pleine évolution. Plusieurs pistes d’étude sont actuellement explorées, notamment l’effet «cocktail », c’est-à-dire l’exposition à plusieurs types de perturbateurs endocriniens en même temps.